La profession de pharmacien·ne évolue rapidement depuis quelques années, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, du fait que les pharmaciens et les pharmaciennes possèdent des expertises plus larges que celles directement liées au service de médicaments, qui sont de plus en plus reconnues à l’extérieur de la profession.
D’autre part, les systèmes de santé sont plus débordés que jamais, et des solutions doivent émerger pour pallier cette situation. Ainsi, des changements législatifs ont vu le jour partout au Canada pour élargir les activités de ces professionnel·le·s visant à mettre leurs compétences à profit.
C’est le cas notamment de la prise en charge et du traitement des conditions mineures en pharmacie.
Dans cet ordre d’idées, je suis d’avis que pour aider à désengorger les services de première ligne, cela représente une des voies prometteuses. Par ailleurs, ayant vécu la surcharge de travail et le manque de personnel qui sévissent également dans ce milieu, je me demande comment mes pairs arrivent à intégrer ces nouvelles activités à leur pratique et à les optimiser. Comment pouvons-nous garantir que tout le monde y trouve son compte?
C’est ce dont j’aimerais vous entretenir dans cet article.
Qu’est-ce qu’une condition mineure au juste? J’ai trouvé plusieurs définitions provenant d’instances différentes, mais celle qui est la plus claire selon moi est la suivante :
« Une condition mineure, aussi appelée une affection mineure, est un problème de santé pouvant être géré à l’aide d’un traitement et d’un suivi minimal, ou grâce à des stratégies d'autosoins. »
Des exemples communs de conditions mineures incluent la rhinite allergique, le reflux gastro-œsophagien, les piqures d’insectes, etc.
Il convient ici de situer le contexte en présentant quelques moments importants dans l’évolution de la profession au Canada en lien avec la prise en charge des conditions mineures.
Chez Vigilance Santé, je participe depuis plus de quatre ans au développement de RxConsultAction, un logiciel visant à accompagner les pharmacien·ne·s lors de la réalisation de services cliniques en pharmacie. À ce titre, j’ai été un témoin privilégié de l’évolution de cet élargissement de la profession à travers le Canada. De plus, le développement de versions de RxConsultAction spécifiques à chaque province m’a permis de comprendre les distinctions qui existent entre elles.
Force est de constater que malgré les disparités provinciales, une tendance se dessine à travers le pays : le traitement des conditions mineures en pharmacie est bel et bien installé.
Et ce n’est que le début!
Il y a plusieurs avantages à ce que les pharmacien·ne·s prennent en charge l’évaluation et le traitement des conditions mineures.
Je sais que mes consœurs et confrères en pharmacie se disent que cela alourdira probablement leur charge de travail. Ce n’est pas faux, mais il est possible que tout le monde y trouve son compte, à condition de mettre en place des conditions gagnantes.
En tant que pharmacien, je pense qu’il faut se concentrer à priori sur ce que l’on peut contrôler.
Voici donc quelques pistes de réflexion que je suggère aux pharmacien·ne·s qui veulent mettre en place cette offre de services et en tirer le meilleur parti possible.
Malheureusement, il y a encore plusieurs freins au développement de l’offre de services pour le traitement des conditions mineures en pharmacie. Les deux qui me déçoivent le plus personnellement sont le manque de rémunération et les barrières administratives.
Dans certaines provinces, la rémunération des services n’est pas adéquate ou même parfois complètement absente. Le jour où elle couvrira l’effort déployé, cela deviendra évidemment plus facile pour les pharmacien·ne·s de s’investir davantage.
Il y a aussi encore beaucoup de barrières administratives dans certaines provinces. Je vous invite à lire cet article de La Presse qui présente un survol du sujet. Par ailleurs, je pense que l’Alberta possède le modèle le plus intéressant, qui se base essentiellement sur le jugement professionnel, et ne balise pas la pratique par des critères spécifiques qui ne s’appliquent pas toujours dans la réalité.
Il y a évidemment d’autres éléments qui retardent l’essor de ces services, mais si ces deux points étaient réglés, les pharmacien·ne·s auraient plus de latitude pour les rendre disponibles. Je suis convaincu que nous y arriverons un jour… en souhaitant que ce jour ne soit pas dans un futur trop éloigné.
D’ici là, continuons à travailler sur ce qu’on peut contrôler!
Pharmacien, responsable de produit RxConsultAction
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